C'était une invitation, ce fut un coup de foudre !
Un "beau peintre" m'avait dit un ami. Un
"grand peintre"...
ajouterais-je.
Wides ne ménage pas ses tripes, ni son sang qui ne fait qu'un
tour devant la détresse. Il a le sens de cette miséricordieuse valeur que l'on donne à l'être humain.
Il vous flanque ses perceptions en pleine gueule,
il les "accroche-flammes", il ne damasquine pas le sordide.
Wides ne
peut que vous étreindre par un vécu. Le trait honnête et humble, de la
rigueur dans les perceptions du toujours et de jadis, un amalgame infini et
sordide de beauté dans la misère et la révolte de cette dernière... Wides
sent, vibre, s'en fout en refoulant ses sanglots, le dit, le peint, le clame,
le déplore mais le sublime. En traits burinés, à la fois ruraux, citadinement
angoissés et interrogatifs, il crie notre peur à tous. Une sorte d' exorcisme.
Trop modeste pour espérer un sourire ou un mot gentil, il persiste, le bougre, à
l'aimer cette fange humaine! Il n' est pas dupe pour autant, le dessin dans son
dépouillement se veut déchirant et angoissant.
Vous parlez de Permeke en
évoquant Wides ? Ce serait faire déshonneur à l' un et à l' autre:
l'un fut , l'autre est parmi nous... poursuivant un devenir pictural où le doute n'est
pas invité.
Bernadette Habay 14 février 1995
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